La séquence est toujours la même… “Vous êtes dans quel domaine ?” Des yeux écarquillés : “La traduction ? Mais vous êtes en pleine reconversion, non ? Les machines sont sur le point de vous remplacer, je vous le dis”. Eh oui, parce que tout quidam le sait mieux que nous : nous ne servons plus à rien, les traducteurs. Et pourtant, laissez-moi une dernière chance de vous convaincre.
Oui, l’intelligence artificielle commet des erreurs
Personne ne peut nier l’évidence : l’intelligence artificielle a enregistré des progrès exceptionnels ces dernières années. Et on s’en sert notamment dans la traduction.
Néanmoins, on est encore loin de la perfection. Autant l’IA effectue des calculs très sophistiqués pour essayer de deviner le contexte, autant dans certaines situations le résultat auquel elle arrive est totalement erroné. Et parfois, si on utilise l’IA générative, rédiger des prompts permet de corriger le tir, mais il arrive que la rédaction de ces prompts prenne plus de temps que la traduction.
Donnons un exemple. Une boulangerie ancestrale parisienne respectée qui reçoit de nombreux touristes a traduit son site avec Google Translate. La page web comportait des blocs thématiques. Sans contexte, le logiciel était déboussolé. Résultat des courses : il a traduit le titre du bloc « baguette » par « wand » (ce qui signifie « baguette magique »), provoquant l’hilarité des visiteurs étrangers et devenant la risée de Tripadvisor.
Êtes-vous sûr que l’IA marcherait sans les linguistes ?
De toute manière, opposer l’IA aux traducteurs est absurde. Pour la bonne et simple raison que les linguistes travaillent main dans la main avec l’intelligence artificielle. Ils se servent de l’intelligence artificielle, tout en l’alimentant.
En effet, comment les traductions automatiques sont-elles possibles ? Des ingénieurs informatiques les ont créées sur la base de traductions effectuées par des êtres humains. Il faut constamment alimenter les bases de données, les actualiser car les langues sont des organismes vivants. Imaginons-nous que les logiciels viennent à remplacer complètement les linguistes et qu’ils ne puissent plus se baser sur leur travail. Ils dérailleraient de plus en plus, il n’y aurait plus personne pour les contrôler et les traductions automatiques n’auraient plus aucune valeur.
Vous utilisez ChatGPT ? Eh bien, nous aussi, figurez-vous !
Inversement, les traducteurs se servent depuis les années 1980 des nouvelles technologies. Dans un premier temps, les outils de TAO permettaient aux professionnels de la traduction de retrouver les passages identiques grâce aux mémoires de traduction. Ainsi, le linguiste n’a pas à retraduire deux fois la même phrase. Il gagne du temps et le client gagne en cohérence.
Mais ce n’est pas tout. Les traducteurs se sont bien rendu compte que dans certains cas cela leur prenait moins de temps de faire traduire par une machine et de corriger le résultat par la suite plutôt que de tout traduire de A à Z.
Donc souvent, ce que nous confient les clients, c’est la MTPE (post-édition de traduction machine). Google Translate, DeepL, ChatGPT, logiciels spécialisés disponibles uniquement aux traducteurs… les outils que les linguistes utilisent sont multiples. Et ils nous permettent d’avancer plus vite dans notre travail, nous facturons donc moins au client par mot. Chaque partie en profite.
Faire appel à des humains : un gage de qualité
Alors pourquoi solliciter des humains s’ils utilisent l’IA de toute manière ?
- Ils corrigeront les erreurs commises par l’IA (spoiler : il y en aura !).
- Si vous confiez la traduction à une agence, elle sera traitée par des professionnels spécialisés. Ceux-ci connaissent non seulement les écueils de l’IA, mais aussi votre domaine, ce qui leur permet d’utiliser le jargon approprié, en fonction du contexte.
- Les traductions humaines sont toujours relues par un second linguiste. Ainsi, même si le premier commet une erreur, le second la répertorie.
- Les professionnels traduisent toujours vers leur langue maternelle. Ils ont donc une sensibilité qu’un non-natif ou une machine ne peuvent pas avoir.
- Les humains tiennent compte des codes culturels de chaque langue et de chaque marché.
- L’IA n’est pas appropriée pour tous les contenus. Une agence de traduction vous conseillera s’il est mieux de faire une post-édition ou une traduction purement humaine.
Des risques avec l’IA
- La responsabilité. Les textes que vous traduisez peuvent avoir une importance capitale pour votre business. Il s’agit dans certains cas de la documentation pour un appel d’offres valant des millions d’euros. Qui est responsable si vous n’emportez pas l’appel d’offres en raison d’erreurs de traduction commises par l’IA ?
- La confidentialité des données. Vous pouvez être amenés à traduire des documents très confidentiels comme des brevets. Vous devez faire très attention avec les moteurs de traduction automatique et leurs conditions d’utilisation, en particulier de ceux qui sont gratuits. Ils peuvent stipuler que vos contenus rentrent dans le domaine public. Souvent, les logiciels d’IA réutilisent vos textes pour améliorer leur fonctionnement.
Conclusion :
Oui, elle améliore l’efficacité de certaines traductions.
Non, elle ne peut pas remplacer les êtres humains.
Vous voulez savoir si votre traduction peut être réalisée avec ChatGPT ? Ou si elle a besoin d’être faite à 100% par un être humain ? Envoyez votre texte à f.schneider@broadience.fr et nous vous le dirons !